Tout le monde se trompe.
Tout le monde fait de mauvais choix.
Personne n’est parfait.
Le fait de se tromper, de mentir, de fréquenter des personnes « infréquentables »… Est sans rapport avec la valeur des arguments défendus. Ceux-ci doivent être étudiés pour ce qu’ils sont et contredits avec d’autres arguments de valeur pour que le débat ait un sens.
Un débat n’est pas un jeu à somme nulle ou un principe de vase communiquant. Il n’y a ni gagnant·e ni perdant·e. Avoir tort ne donne pas raison à l’autre et réciproquement. Seul la valeur des arguments compte.
Afin de se simplifier la tâche, d’économiser du temps et des efforts de concentration, notre cerveau a tendance à prendre quelques raccourcis que l’on nomme biais cognitifs (qui sont involontaires, donc des erreurs).
Plusieurs de ces mécanismes consistent à se focaliser sur la personne qui défend un argument plutôt que sur l’argument lui-même.
Lors d’un débat, il est courant de croiser ces raccourcis sous la forme de sophisme (qui sont volontaires, donc des fautes).
Bien sûr, il y a une différence entre mentir et donner une mauvaise information par mégarde. C’est-à-dire commettre une erreur ou commettre une faute.
Maxime Ginolin l’explique très clairement dans cette vidéo réalisée avec La Tronche en Biais.
En voici quelques procédés qui visent à contourner la réflexion de fond en décrédibilisant les porteur·se·s de l’idée plutôt que d’en débattre :
La généralisation abusive :
Consiste à prendre un échantillon trop petit et en tirer une conclusion générale. On retrouve ce fonctionnement derrière le principe d’essentialisme auquel nous sommes souvent confronté·e·s lorsque nous parlons de justice sociale.
Sophisme de composition :
Consiste à attribuer les propriétés des parties d’un ensemble à l’ensemble lui-même.
Exemples :
– Les clémentines sont orange donc tous les agrumes sont orange (déso les pamplemousses et autres citrons verts).
– J’ai parlé à un·e végane agressif·ve, du coup les véganes sont agressif·ve·s.
Le déshonneur par association :
Consiste à éviter de prendre en compte la pertinence d’un argument en l’associant à une personne, un groupe, une fonction ou une idéologie que nous condamnons.
C’est en fait une forme de généralisation abusive basée sur L’argumentum ad hominem qui consiste à attaquer son interlocuteur·rice selon son titre, son statut, ses actions, ses engagements, ses déclarations…
Le déshonneur par association peut également être utilisé volontairement sous la forme d’un sophisme afin de faire perdre toute crédibilité à l’adversaire dans un débat, afin de prendre l’ascendant.
L'empoisonnement du puits :
Vise à orienter la perception que l’audience peut avoir d’une personne, d’un groupe, d’une fonction, d’une idée… En donnant des informations négatives à son/leur sujet.
Biais sophistique :
Consiste à considérer qu’un argument serait invalide sur le seul motif qu’il comprend un sophisme. Or un sophisme peut ne pas avoir d’impact sur la justesse d’un propos.
Lorsque nous sommes la cible de ce type d’attaque, il est important de dénoncer ces différents biais et sophisme exposés afin de recadrer le débat sur le sujet.
Nous (qui ?) ne sommes pas une masse homogène, nous (mais qui ?) n’avons pas à assumer, à nous (mais qui est ce « nous » enfin ?) excuser, à défendre par principe ce que d’autres personnes qui défendent nos valeurs (lesquelles ?) ont pu dire ou faire.
Cette idée est exposée plus en détail dans ce visuel.
Une nuance de plus :
Nous ne pouvons pas réfléchir en profondeur et avec méthode constamment. Certains choix, idées, méritent plus d’attention que d’autres. Il est donc impossible d’accorder la même crédibilité à tous les médias, individus, groupes…
Mais tant que nous le pouvons et surtout lors de nos échanges, il est préférable de mettre notre esprit critique en action et d’évaluer la pertinence des arguments plutôt que de nous fier à nos intuitions et autres jugements hâtifs.
Hygiène Mentale en parle très bien dans cette vidéo
Il est logique de ne pas vouloir apporter de visibilité à une entité jugée problématique, même si celle-ci défend un argument pertinent. Mais il est encore plus pertinent de relayer cet argument et de dénoncer ce qui nous pose problème chez l’émetteur·rice.