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Supériorité & référentiel

Ce qu'on ne dit pas

  • Ce visuel ne dit pas que les êtres humains ont une capacité d’empathie supérieure aux autres animaux.
  • Ce visuel ne dit pas que les personnes spécistes n’ont pas d’empathie.
  • Ce visuel ne dit pas qu’il est possible d’être supérieur.e à d’autres.

Ce à quoi on réplique

  • « Nous sommes supérieur.e.s aux animaux car nous sommes capables d’avoir de l’empathie et des valeurs morales. »
  • « Les personnes antispécistes pensent être supérieures aux personnes spécistes. »
  • « Nous, personnes antispécistes, sommes supérieures aux personnes spécistes car ces dernières ont moins d’empathie. »

Définitions

Supérieur : Qui, par ses qualités, sa valeur, etc., se situe à un niveau plus élevé qu’un.e autre, que d’autres;

Qui est classé.e ou répertorié.e au-dessus.

Empathie : Faculté intuitive de se mettre à la place d’autrui, de percevoir, reconnaître et comprendre ce qu’iel ressent.

Raisonnement

1. Comment déterminer la supériorité

Le principe de supériorité repose sur une classification. Donc un référentiel permettant de mesurer une valeur. Ce référentiel induit un objectif (car dire qu’on est supérieur.e dans l’absolu n’est pas pertinent). On ne peut donc accorder de supériorité que de manière ponctuelle selon les domaines concernés, les sujets / objets évalués et l’objectif visé. Avoir une supériorité dans un domaine n’accorde pas de supériorité dans un autre.

  • Exemple 1 : Une pomme n’est pas supérieure à une orange. On peut considérer qu’elle l’est si on cherche à faire du jus de pomme (objectif).
  • Exemple 2 : L’opinion de Katherine Johnson (mathématicienne et astrophysicienne américaine ayant réalisé notamment les calculs de trajectoire d’Apollo 11) sur le prochain tournoi de sepak takraw a moins d’intérêt que celui de Norshahruddin Mad Ghani (2 fois médaille d’argent en jouant pour la Malaisie en 2010).

 

Même si la capacité d’une entité est supérieure à une autre, ça ne rend pas cette entité supérieure à l’autre. Le fait de le penser serait une erreur de logique appelé « biais de composition » : attribuer à l’ensemble d’un groupe une caractéristique propre à seulement une partie du groupe.

2. Les paralogismes

Le fait de penser que sa supériorité dans un domaine accord une supériorité sur l’autre est un principe qui peut s’expliquer par 2 phénomènes :

  • Le paralogisme naturaliste : faute de logique consistant à confondre un jugement de fait avec un jugement normatif. Le paralogisme naturaliste passe donc du jugement « x fait y » au jugement « x doit faire y ». Ainsi on pense qu’être supérieur justifie l’inégalité. On transforme le constat en devoir.
  • La polysémie du terme qui confond « meilleur dans un domaine » et « d’une plus grande valeur ». Ainsi on en déduit que si on est plus capable qu’autrui on est au-dessus de lui.

 

La capacité à pouvoir faire telle ou telle chose n’est pas un critère pouvant justifier une différence de traitement dans des domaines sans rapport.

Par exemple : Les chirurgien.ne.s ont des connaissances et un entraînement supérieur.e.s aux personnes qui ne le sont pas. Cela leur confère le droit d’opérer des gens contrairement aux autres. Cependant, cela ne leur donne pas le droit ou la capacité de piloter un bombardier CRJ900. De plus les chirurgien.ne.s ne sont pas supérieur.e.s aux personnes qui ne le sont pas.

3. Dans les faits

  • Chez les personnes spécistes

 

Dans l’hypothèse ou les êtres humains seraient effectivement dotés d’une capacité d’empathie supérieure aux autres animaux, il serait incohérent d’avancer ce fait pour justifier de manquer d’empathie envers les autres animaux. Penser qu’on peut faire souffrir les autres parce qu’on est capable de prendre en compte leur souffrance est antinomique et n’aurait de sens que pour une personne cruelle.

Cet argument se retrouve aussi sous la forme : Nous sommes capable d’avoir une morale.

La morale étant censée reposer sur la meilleur manière d’agir, et celle-ci étant nécessairement référencée sur la sentience, on retrouve la même absurdité.  Savoir qu’on nuit à autrui ne rend pas cette nuisance acceptable.

  • Chez les antispécistes

 

L’empathie seule ne suffit pas à devenir végane ou être antispéciste. Penser que celleux qui ne le sont pas n’ont pas d’empathie n’est pas vrai, même si ça peut être le cas. Dans tous les cas, avoir plus d’empathie qu’une personne spéciste n’est pas un indicateur de supériorité tout court.

4. La limite du principe de supériorité

Comme nous l’avons vu, la supériorité n’a de sens qu’en fonction d’un référentiel et d’un objectif. Si notre objectif est d’avoir la société la plus juste possible, alors le référentiel est la sentience. Même si les degrés de sentience varient, le principe de hiérarchisation s’effondre à partir du moment où une nuisance peut être perçue. Être plus sensible, plus raisonné, plus empathique… Ne justifie pas d’accorder moins d’importance à la sensibilité, la raison, l’empathie, etc. d’autrui et n’accorde aucun privilège.

Le principe de supériorité découle d’un modèle compétitif et l’entretient. Il est l’outil de la méritocratie et des discriminations. Dans le but d’avoir une société égalitariste, il est préférable de minimiser l’utilisation de ce principe.

Une nuance de plus

Ce n’est pas parce que le principe de supériorité peut poser problème que c’est nécessairement le cas. Être capable de jauger la valeur d’une idée où d’un acte est la base de l’éthique. Le problème est d’en faire un facteur de discrimination.

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