Avant propos : Cette semaine Monsieur Phi (Grain de philo) a sortie une vidéo traitant de manière méthodique et pragmatique des enjeux de l’antispécisme. Nous vous invitons très chaudement à la regarder car c’est un outil militant de grande qualité et un axe que l’on envisage peu souvent afin de désamorcer la résistance à l’éthique et prédisposer l’interlocuteur·ice à débattre correctement.
1. Contexte des débats
Lorsque nous défendons les intérêts des autres animaux face aux suprémacistes humain·e·s, l’échange est abordé de manière asymétrique :
- Les antispécistes ont conscience que la liberté de milliards d’animaux dépend, entre autre, de leur capacité à convaincre et donc de chacun des débats qu’iels ont au quotidien.
- Les spécistes ont seulement l’impression qu’on essaye de leur retirer quelque chose, de leur démontrer qu’iels ont tort sur un sujet qui est superficiel et de l’ordre du mode de vie.
2. Préparer le terrain du débat
Le but va être de faire comprendre l’importance de l’enjeux à l’auditoire. Pour cela plusieurs moyens sont disponibles. Nous les développerons dans les sections « méthode » et « communication » :
- Celui exposé par Monsieur Phi (lien au dessus)
- Être bienveillant·e, chaleureux·e, aimable afin de créer une connexion avec la personne avant de débattre pour éviter les situations conflictuelles. Le but n’est pas de persuader par l’émotion mais au contraire de compenser préjugés et retirer le personnel du débat afin qu’il ne porte que sur le sujet.
- Trouver les terrains d’entente.
Ex : « Nous sommes d’accord sur le fait qu’il est injuste de discriminer, tuer une personne qui n’en a pas envie, torturer… »
- Rappeler ce qu’est un jugement moral et en quoi il n’y a pas de problème à en émettre sur les idées et les actes tant que ceux ci concernent d’autres individus que soi même.
- Choisir un langage accessible afin d’être sur que les idées soient comprises mais aussi de ne pas créer un sentiment d’infériorité chez l’autre personne qui risquerait de la braquer.
- Cadrer le sujet dès le départ afin déviter les digressions ou de minimiser l’enjeux. D’où l’importance de ne pas débattre de véganisme mais d’antispécisme car on ne parle pas d’un mode de vie mais d’éthique (même si le mode de vie découle de l’éthique).
- De plus le terme végane (comme antispéciste maintenant) peut être connoté négativement dans l’esprit des personnes. On peut défendre les mêmes positions sans nommer dès le départ ces concepts. Tout dépend de votre stratégie.
- Il est aussi préférable d’appliquer les principes de base d’un débat constructif (esprit critique, un argument à la fois, charge de la preuve, pas de rhétorique, problématique énoncée, termes définis…).
3. Pendant le débat
La patience permet de garder son calme et maintenir un cadre propice au débat. Garder la tête froide permet aussi de maîtriser son argumentaire plus facilement.
- Selon les personnes, il est plus ou moins difficile de rester serein surtout lorsqu’on garde les enjeux en tête. Il est impératif de toujours rester focalisé·e dessus afin de garder l’objet du débat en tête et ne pas se laisser entrainer dans des digressions.
- Mais nous devons garder en tête que l’enjeux dans un débat est en réalité faible car les conséquences directes sont minimes. L’impact se percevra à grande échelle en démocratisant le discours, en touchant les institutions et ses lois. cela permet de prendre du recul et donc de se déconnecter émotionnellement dans la mesure du besoin.
L’attention permet de déceler les arguments invalides, les sophismes, les biais et les digressions.
- Elle permet aussi de se rendre compte de l’état émotionnel de la personne en face. Elle, aussi, a un seuil de patience et peut se sentir attaquée. Il faut essayer de désamorcer ces situations lorsqu’elles se présentent et reprendre le point 2•.
- Si une personne est hors de portée (bornée, énervée, irrespectueuse, dogmatique, ne lis/écoute pas les arguments…) alors il faut savoir abandonner et privilégier des personnes qui seront plus réceptives.
Nos ressources sont limitées. Que ce soit notre temps, nos fonds, notre patience… économisons les et utilisons les à bon escient.
Une nuance de plus :
Bien évidemment les autres animaux ignorent ce qu’est l’animalisme et ne l’intellectualise pas. Il n’en est pas moins vital pour eux. Donc l’utilisation du « selon » ne signifie pas que les animaux ont un point de vue sur l’animalisme mais qu’ils en bénéficient.