Suite à la tribune parue dans Libération, bon nombre de réponses ont été rédigées.
Le fait de chercher à dénoncer les arguments erronés et fallacieux de cette première tribune, ne doit pas nous empêcher d’appliquer un traitement identique aux réponses.
Abonder dans le sens de tout ce qui semble être en accord avec nos convictions et réfuter par principe tout argument de l’opposition n’est jamais valable. Nous devons faire le tri, car l’objectif est d’avoir une lutte fonctionnelle.
C’est-à-dire reposant sur :
- Des connaissances solides ;
- Une analyse correcte des causes ;
- Un enjeu pertinent ;
- Des arguments rationnels ;
- Une communication efficace ;
- Des moyens adaptés.
Ainsi, n’importe quelle défense n’est pas valable. Certaines réponses font appels à des procédés, des arguments, des choix… Qui ne sont pas valables.
Pour ne citer qu’un exemple, et bien que nous saluions l’initiative et la réactivité, nous trouvons que cette réponse joue particulièrement en défaveur de la lutte antispéciste.
Cette réponse fait appel à des concepts sans rapport avec l’objet de la lutte (l’amour, la paix, l’harmonie, l’altruisme, la nature…), parle de la défense de TOUS les êtres vivants alors que l’antispécisme concerne les êtres sentients ; elle aborde les points santé, écologie, tradition… Qui sont des arguments hors-sujet et sur lesquels nous ne devrions pas nous attarder dans un débat concernant les animaux : ce sont des thématiques collatérales.
C’était justement l’objet des attaques de la tribune qui reprochait aux véganes de dire qu’iels sauveraient le monde. Répondre sur ces sujets-là en essayant d’avoir le dernier mot, c’est donner du grain à moudre aux détracteur·ses de l’antispécisme qui cherchent à éviter de parler des animaux. Le sujet ainsi concentré ailleurs permet d’occulter le seul argument indubitable et de semer la confusion avec l’aide des réponses entrant dans ce jeu.
C’est donc encore à ces sujets qu’on répondra, et encore cette image qu’on aura des véganes.
Nous n’avons pas l’intention de faire une réponse à la réponse.
L’idée ici est de rappeler que tout n’est pas bon à prendre. Qu’il faut savoir garder son esprit critique lorsqu’on lit un texte qui défend nos objectifs pour ne pas tomber dans un « biais de confirmation ».
Certaines critiques qui sont faites au « mouvement végane » sont justes. Il faut savoir les prendre en considération pour changer et être plus efficaces. Il est difficile de ne pas reconnaître le caractère péjorativement propagandiste de certains arguments (comme dans la réponse citée ci-dessus, les discours de Gary Yourofsky…), certaines dérives sectaires comme le communautarisme, le purisme, l’autoritarisme, l’idolâtrie… Qui sévissent dans certains milieux.
Nous serions probablement plus efficaces si nous acceptions les critiques valables et qu’elles ne soient pas l’objet de division.