Pour défendre l’antispécisme deux grandes options sont possibles :
- Exiger la justice pour les animaux
- Sensibiliser les gens pour susciter l’empathie envers les animaux
Le plus souvent ces deux stratégies sont présentées comme opposées. Les antispécistes se divisent sur cette question et utilisent une part de leur énergie pour s’entre-critiquer.
Ceux qui exigent la justice estiment que faire appel aux bon sentiments des gens est inefficace, car cela consiste à présenter comme optionnel, généreux, le fait de respecter les animaux. Susciter l’empathie serait aussi insuffisant. Ce serait ne se préoccuper que des facteurs psychologiques et ignorer que les causes du spécistes sont avant tout matérielles : la société, ses lois, ses subventions, le contenu des enseignements scolaire ou nutritionnel, l’offre dans les rayons des magasins, etc : tout facilite un mode de vie spéciste. Ceux qui exigent la justice visent donc avant tout un changement sociétal.
Ils pensent aussi souvent qu’exiger la justice est plus efficace que de simplement compter sur la bonne volonté de leur interlocuteur. Ils fondent cette exigence de justice le plus souvent sur l’obligation morale qu’il y aurait à respecter les animaux. Nous ne sommes pas convaincus qu’il existe des obligations morales, la morale est selon nous relative aux cultures et aux époques. Cependant cela ne rend pas la lutte antispéciste vide de sens : d’un point de vue moral nous n’avons pas plus de raison de respecter ceux qui ne respectent pas les animaux que les spécistes n’en ont de respecter les animaux. Nous rejoignons donc complètement ceux qui exige la justice pour les animaux, en particulier dans leur objectif de changer avant tout la structure de la société.
Mais ce changement demande qu’un certain nombre d’activistes et de militants se mobilisent pour ce combat, et ceux-ci sont plus susceptibles selon nous d’être convaincus par une sensibilisation aux intérêts des animaux, c’est-à-dire par une réactivation de leur empathie.
Réveiller l’empathie et exiger la justice ne sont donc pas deux stratégies incompatibles, mais au contraire les deux aspects complémentaires de la libération animale.